Le 2 novembre, le jour des morts, un ouragan a balayé l’Ouest de la France, BFM TV s’en est fait l'écho consacrant un reportage à l’église endommagée de Saint Martin d’Argentan mais sans rappeler son actualité culturelle et chrétienne. En poussant la porte de l'église la journaliste aurait découvert la remarquable exposition temporaire consacrée à Marguerite de Lorraine. Curiosité de l'actualité, 502 ans plus tôt, la future Bienheureuse avait rendu son âme à Dieu, c’était aussi un 2 novembre de l'an de grâce 1521.
Petite-fille du Bon Roi René et arrière grand-mère du bon roi Henri, Marguerite de Lorraine voit le jour en 1463 à Vaudémont non loin de Domrémy, 30 ans après la mort de Jeanne d’Arc. À la cour de son grand-père en Provence elle côtoie la sainteté et reçoit son testament : « Aimez vos peuples comme je les ai aimés. Dieu veut que les rois lui ressemblent bien plus par leur débonnaireté que par leur puissance. »
Elle épouse le duc d’Alençon en 1488 et devient veuve 4 ans plus tard héritant alors d’un vaste duché lourdement endetté par la guerre de Cent ans (Sous la Monarchie, au Moyen-Âge, les femmes pouvaient diriger librement un fief, une région, sous la République il faudra attendre 1992 pour les revoir à la tête de régions). Compétente, Marguerite de Lorraine rétablit les finances en réduisant le train de vie de la cour, en traquant tous ceux qui par leurs prérogatives se sont injustement enrichis, mais aussi en vendant ses propres bijoux…elle adopte ainsi une politique budgétaire rigoureuse « administratrice sans pitié mais avec piété ».
En effet, elle consacre sa vie de piété au service des pauvres et de « nos Seigneurs les malades ». Les sœurs de Sainte Elisabeth de Hongrie sont sollicitées pour venir les assister à l’hôpital de Mortagne. Sa propre maison est un havre de charité qu'on surnomme affectueusement « le petit hôpital » et charge son médecin de lui rédiger un ouvrage « contenant les remèdes les plus spéciaux et expérimentés de toutes les maladies survenant quotidiennement au corps humain. » Ce sera le premier livre de médecine publié en langue française.
Deux ans avant son Rappel à Dieu, elle prend l’habit lors d'une cérémonie à la chapelle Saint Nicolas du château d’Argentan. Après sa mort, Louis XIII ne tarda à plaider sa cause en béatification dans une lettre élogieuse au pape Urbain VIII la présentant comme ayant « été la gloire de son sexe, l'honneur des Princesses, le miroir des veuves et l'exemple des Religieuses ». Quand les heures sombres de la Révolution françaises s'abattirent sur le monde civilisé les « Hommes de liberté » profanèrent sa sépulture et jetèrent dans la Géhenne de la fosse commune son corps inaltéré. Le 15 mars 1921, 400 ans après sa mort, le pape Benoît XV la déclara Bienheureuse.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.