Chaque premier dimanche du mois, en fin d’après-midi, une messe est célébrée à la chapelle royale du château de Versailles. Aucune « chance » donc pour que sa célébration coïncide avec une date anniversaire de la mort d’un des membres de la dernière famille royale versaillaise : Louis XVI a été assassiné un 21 (janvier), Marie-Antoinette un 16 (octobre) et leur fils, le dauphin, « l’oublié » du Temple et de la mémoire, a été déclaré mort le 8 juin 1795 à l’âge de 10 ans dans la cellule de sa prison.
Samedi 8 juin 2024, le château de Versailles était en fête avec son grand Bal Masqué, son ambiance clubbing, ses animations extravagantes et ses 2 500 participants déguisés en petits marquis et en Marie-Antoinette, entretenant ainsi l’image d’une monarchie désinvolte. Il est probable qu’aucun des fêtards a eu une pensée pour le jeune Louis XVII, ce monde hédoniste ayant abandonné l’être pour l’avoir et le savoir pour le paraître.
Après la visite de l’exposition temporaire “Louis XVI, Marie-Antoinette & la Révolution, la famille royale aux Tuileries (1789-1792)” aux Archives Nationales le 14 octobre 2023 nous avions pèleriné vers le square du Temple, le lieu de leur “embastillement”. Nous nous étions arrêtés au portail d’entrée de ce qui est devenu un jardin public soulignant à cette occasion la raison d’être des Lys de France : une Société savante au service de la vérité historique contrairement à celle, partielle et édulcorée, diffusée sur la borne de la Ville de Paris : « la Tour du Temple est la dernière demeure (sic !) de Louis XVI et du dauphin Louis XVII. »
Aujourd’hui Molière pourrait réécrire sa célèbre phrase de Tartuffe en « Couvrez ces crimes que je ne saurais voir, nos âmes en seraient blessées ». En effet, alors que la violence faite aux femmes est une cause majeure, on a semble-t-il volontairement oublié d’y mentionner les femmes prisonnières, martyrisées par la Révolution française : Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, sa belle-sœur, toutes les deux guillotinées injustement, et Marie-Thérèse, la fille du roi et de la reine, la seule survivante de cet enfer. Dans son journal de jeune adolescente de 16 ans, Madame Royale avait dénoncé les dures conditions d’incarcération de son jeune frère : « on avait eu la cruauté de laisser mon malheureux petit frère tout seul, barbarie inouïe de laisser un malheureux enfant de 8 ans seul, enfermé dans sa chambre sous verrous et clefs, n’ayant aucun secours et qu’une mauvaise sonnette qu’il ne tirait jamais aimant mieux manquer de tout que de demander à ses persécuteurs. Il était dans un lit qui ne fut pas fait de 6 mois, mon frère n’ayant pas la force de le faire. Les punaises et les puces le couvraient, son linge et sa personne en étaient pleins. Ses ordures restèrent dans sa chambre, jamais il ne les jetait ni personne non plus, on ne pouvait pas tenir dans sa chambre par l’odeur infecte. La fenêtre n’était jamais ouverte, ce malheureux mourait de peur ; mais ne demandait jamais rien. Il passait sa journée sans rien faire, et cet état où il vécut fit beaucoup de mal à son moral et à son physique, ce n’est pas étonnant que sa santé se soit dans la suite dérangée…/…Il était toujours près du feu et on ne pouvait pas l’en tirer, il n’aimait pas marcher, sa maladie étant déjà bien commencée et ses genoux s’enflant toujours de plus en plus. Ses forces diminuaient, son esprit même s’en ressentait. Il se consumait comme un vieillard…/…La fièvre le prit et ses forces diminuant toujours il expira doucement, sans agonie. Il avait beaucoup d’esprit mais sa prison lui avait fait beaucoup de tort et même s’il eût vécu il y aurait eu à craindre qu’il ne devînt imbécile. Il avait toutes les bonnes qualités de son père. Il aurait été un grand homme car il avait du caractère, aimait bien sa patrie et les grandes choses à exécuter. »
Pour avoir été séparé de sa famille, rappelée à Dieu par une mort violente sur l’échafaud, orphelin de leur amour, Louis XVII, malgré un suivi médical, serait donc mort de chagrin ! En Vendée, Charette rompit la pacification établie par le traité de La Jaunaye (17 février 1795). Il est dit qu’un accord secret avait prévu la libération de l’Enfant-Roi.
Nicolas Chotard, Président des Lys de France.
Trésorier de la Chouannerie du Maine |