« La Révolution s’est jouée et accomplie en sept jours et cinq décrets. Son destin, ses héritages y sont comme scellés. Jusqu’à la guerre civile. Jusqu’à la Terreur. »
Emmanuel de Waresquiel ouvre son ouvrage avec une citation de Chateaubriand, De la Vendée, 1819 « La Révolution était achevée lorsqu’elle éclata : c’est une erreur de croire qu’elle a renversé la monarchie, elle n’a fait qu’en disperser les ruines.»
On “supplie respectueusement Sa Majesté” pouvait-on lire dans les Cahiers de Doléances de 1789 “miroir de la société”. On y retrouve des revendications populaires souvent légitimes mais non révolutionnaires. On veut que soit “fonder dans toutes les parties du Royaume divers hôpitaux auxquels on pourrait assigner sans injustice de revenus“, “Que la noblesse ne soit plus un titre inhérent à la propriété des charges, mais qu’elle soit la récompense des services rendus à l’État“, “Que l’université de la Ville de Caen laquelle possède quantité de biens des bontés de votre majesté soit obligée de tenir des petites écoles pour l’instruction des enfants et avoir des maîtres pour leur enseigner à lire à écrire et l’arithmétique et le tout gratis…” Avec la convocation des Etats Généraux, Louis XVI rassemble en un même lieu des députés appartenant pratiquement tous à la même classe sociale supérieure ultra minoritaire, celle acquise aux idées nouvelles alors que le peuple demeure attaché à la Cité traditionnelle. En ouvrant la boîte de Pandore, le “roi bienveillant” fait entrer les renards dans la basse-cour et se condamne inexorablement à l’échafaud, le malheureux incarne l’Ancienne France.
Si la France monarchique était construite comme une Cité classique tendant vers le bien commun, dans la société moderne l’Etat détermine lui-même où est le bien. Comme le rappelle le professeur Guillaume Bernard dans son ouvrage “Introduction à l’Histoire du Droit et des Institutions” : “Dans la conception classique, le droit consiste en une attribution de choses extérieures, a pour fin la justice, il se dit à l’indicatif. Dans la conception moderne, le droit est un ensemble de règles de conduites sanctionnées par le pouvoir de l’Etat. Pour la pensée classique le droit est la recherche du bon et de l’égal. Pour la vision moderne, le droit est une technique de direction des conduites humaines. Alors que pour la pensée classique, la légalité est soumise à la justice, pour la modernité, le légal devient synonyme de juste, au lieu que le pouvoir tienne de la justice sa Légitimité, elle en est l’instrument. Du point de vue classique, le politique est le prolongement du juridique, le droit public est le symbole d’un équilibre et la justice ordonne au législatif. A l’inverse dans la conception moderne, le juridique devient la conséquence du politique, le droit public est désormais l’expression d’une puissance et le législatif commande à la justice.“
“A la fin du XVIIIème siècle, le changement de société entraîna un renouvellement de la conception du droit. La loi moderne devient objet de culte. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen fut la traduction juridique concrète de cet amour de la loi propre aux philosophes. C’est un nouveau monde juridique qui fut mis en oeuvre lorsque le 26 août 1789 les députés de l’Assemblée constituante votèrent la Déclaration des Droits de l’Homme, aujourd’hui intégrée au Bloc de constitutionnalité. Une loi universelle, invariable, naturelle existait dans la Rome chrétienne. Cette loi éternelle était la source de la justice selon saint Augustin (354-430). Mais cette loi n’avait que peu de lien avec celle des Lumières. Pour l’auteur de la Cité de Dieu, la loi éternelle s’identifiait à la volonté de Dieu et fondait la justice sans laquelle il n’existait pas de res publica. Pour les modernes, la loi était universelle parce qu’elle était le fruit de la raison humaine. Provenant de tous, elle s’étendait à tout et à tous.“
L’esprit des Lumières demeure la pierre angulaire de notre société occidentale. Toutes les réformes sociétales répondent à cette notion de progrès social exprimé par les philosophes (tels le mariage homosexuel, le féminisme, la culture LGBT). Il n’est pas possible de s’y soustraire dès lors qu’on ambitionne une carrière publique. À la pétition de Francis Huster invitant le Président de la République à faire entrer Molière au Panthéon, Valérie Pécresse a répondu favorablement. Mais, l’Elysée lui a simplement rappelé l’esprit du lieu « le Panthéon est un temple laïc, enfant de la patrie républicaine, elle-même engendrée par les Lumières. C’est pour cette raison que toutes les figures qui y sont honorées sont postérieures aux Lumières et à la Révolution. ».
En vous souhaitant un bon Carême, un bon cheminement vers Pâques, vers LA Lumière, le Christ-Sauveur.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.