“La reddition d’Yorktown dont l’honneur appartient à Votre Excellence a devancé notre attente la plus présomptueuse” Washington à l’Amiral de Grasse.
Les anglais vaincus et désarmés passent entre les vainqueurs : les Insurgents ou Patriots américains et les Armées du Roi de France. On reconnaît La Fayette en général américain derrière Washington, Lauzun, avec son bonnet de hussard et Rochambeau au pied du drapeau Blanc du Royaume de France.
Le 4 juillet c’était l’Independence Day, le jour où retentissait à Philadelphie en 1776 Liberty Bell, la cloche de la Liberté après que fut proclamée la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis.
La guerre d’Indépendance américaine sonnait aussi le glas de l’ancien monde aristocratique et traditionnel et voyait émerger une nouvelle ère, celle des idées nouvelles. Cet ouragan philosophique n’allait pas tarder à traverser l’Atlantique quelques années plus tard emportant la monarchie française millénaire dans les abîmes d’une Révolution sanguinaire. En allant au secours des Insurgents, Louis XVI n’avait probablement pas conscience d’ouvrir la boîte de Pandore préférant voir dans ce conflit une occasion pour la France d’effacer l’affront de sa défaite dans les guerres indiennes et de la perte de ses colonies en Amérique du Nord. Cette guerre ruineuse pour les finances du royaume précipitait la convocation des États Généraux en juin 1789 « parce que la banqueroute totale paraissait inévitable » qu’il fallait prendre des décisions pour sauver le Royaume, malheureusement le bienveillant Louis XVI faisait entrer les “loups dans la Bergerie” avec des députés acquis aux idées nouvelles.
Dans les Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand raconta “son entretien” avec George Washington : “Au bout de quelques minutes, le général entra : d’une grande taille, d’un air calme et froid plutôt que noble il est ressemblant dans ses gravures. Je lui présentai ma lettre en silence ; il l’ouvrit, courut à la signature qu’il lut tout haut avec exclamation : » Le colonel Armand ! » C’était ainsi qu’il l’appelait et qu’avait signé le marquis de La Rouërie. La conversation roula sur la Révolution française. Le général nous montra une clef de la Bastille. Ces clefs, je l’ai déjà remarqué étaient des jouets assez niais qu’on se distribuait alors. Les expéditionnaires en serrurerie auraient pu, trois ans plus tard, envoyer au président des Etats-Unis le verrou de la prison du monarque qui donna la liberté à la France et à l’Amérique. Si Washington avait vu dans les ruisseaux de Paris les vainqueurs de la Bastille, il aurait moins respecté sa relique. Le sérieux et la force de la Révolution ne venaient pas de ces orgies sanglantes. Lors de la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, la même populace du faubourg Saint-Antoine, démolit le temple protestant à Charenton, avec autant de zèle qu’elle dévasta l’église de Saint-Denis en 1793.“
De retour en France, le marquis de La Rouërie aguerri à la guérilla la “transposait” en Bretagne pour fomenter ce qui allait devenir la Chouannerie. Quant à Charette, ancien lieutenant de vaisseau pendant la Guerre d’Indépendance devenu “Roi de Vendée”, peut-être eut-il une blessure de l’âme en voyant l’Hermione, la frégate de la “liberté” de La Fayette, s’échouer lamentablement sur les bords de la Loire en septembre 1793 après avoir dirigé ses canons contre sa vaillante armée catholique et royale en sabots, celle aussi de…la liberté, en particulier religieuse.