d’après estampe de Langlumé (Musée Carnavalet) Parmi les 191 martyrs, Saint Salomon Leclercq, frère des écoles chrétiennes a été canonisé par le pape François en 2016 après la reconnaissance de la guérison miraculeuse en 2007 au Vénézuéla d’une fillette de 5 ans piquée par un serpent venimeux.
En 1992, l’Association du Souvenir des Martyrs avec les soutiens du Cardinal Lustiger, archevêque de Paris et de Jacques Chirac, maire de Paris, ont organisé une exposition sur « 1792, les Massacres de Septembre ». Jean Guitton de l’Académie française écrit : « Ce que le Colisée est à Rome, la chapelle des Carmes l’est à la France : le lieu où ont souffert ces « témoins de sang » appelés martyrs. Certes, la chapelle des Carmes a d’autres titres : sa coupole, la dévotion à Saint-Joseph, la chaire où prêcha Lacordaire…Tout s’efface devant les Martyrs de Septembre. »
Dans la France rurale de 1789, les cahiers de Doléances ne remettent pas en cause le catholicisme, au contraire, l’église est au centre du village et rythme la vie et l’ordre social. Mais lorsque le roi convoque les Etats Généraux, tous les députés sauf un ou deux sont des notables imprégnés de l’idéologie des Lumières. La christianophobie sera au coeur du combat révolutionnaire :
– le 20 août 1789, l’Assemblée Nationale devenue l’Assemblée Constituante (9 juillet) nomme un « Comité ecclésiastique » pour l’étude des propositions concernant la religion ;
– le 28 octobre 1789, « l’émission des vœux dans tous les monastères est suspendue. » ;
– le 2 novembre 1789, un décret met les biens du clergé à la disposition de la Nation ;
– le 12 juillet 1790, vote de la loi portant réorganisation de l’Eglise dite « Constitution Civile du Clergé ». Le 28 juillet 1790, Louis XVI écrit au Pape pour lui faire part de ses difficultés en présence de cette loi. Le 24 août 1790, en l’absence de réponse du Pape, Louis XVI promulgue la loi sous la pression de 2 évêques ministres. Le 25 décembre 1792, il en fera repentance dans son testament : « je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent être contraires a la discipline et a la croyance de l’Eglise Catholique a laquelle je suistoujours reste sincèrement uni de cœur »
– mars 1791, Louis XVI remplace l’abbé Poupard, son confesseur, assermenté, par le père Hébert, qui sera parmi les martyrs des Carmes.
– 7 avril 1791, à Paris, plusieurs chapelles sont envahies par des émeutiers ; prêtres et fidèles sont insultés et molestés.
– 17 avril 1791, La Société des Amis des droits de l’homme et du citoyen connue sous le nom du Club des cordeliers dont l’objet est de« dénoncer au tribunal de l’opinion publique les abus des différents pouvoirs et toute atteinte aux droits de l’homme » publie un pamphlet sur Louis XVI accusé d’avoir communié des mains d’un prêtre réfractaire se montrant par là « réfractaire aux lois du Royaume »
– 29 novembre 1791, loi prévoyant que les prêtres réfractaires seront inscrits sur la liste des suspects. Le 19 décembre 1791, Louis XVI fait connaître son intention d’user de son droit de véto.
– 20 avril 1792, l’Autriche déclare la guerre à la France
– 28 avril 1792, Interdiction du costume religieux et suppression de toutes les congrégations.
– 27 mai 1792, Décret permettant la déportation des prêtres réfractaires. Le 6 juin, Louis XVI, usant de son droit de véto, refuse de signer le décret. Le 20 juin, les Tuileries sont envahies par les émeutiers aux cris de « A bas le véto ! Mort aux prêtres ! » Le roi refuse de faire « le sacrifice de son devoir »
– 10 août 1792, prise des Tuileries, le Roi et sa famille sont emprisonnés au Temple.
– 11 août 1792, début des « rafles » de prêtres jusqu’au 2 septembre.
Le 1er octobre 1926, en la fête de saint Rémy, évêque de Reims, Pie XI signe le décret de la béatification des victimes de septembre 1792, l’Eglise ne se limite pas à reconnaître que les religieux ont été mis à mort « en haine de la foi », la Révolution française est clouée au pilori : « On ne pourra jamais assez déplorer ce noir et misérable fléau qui, à la fin du XVIIIe siècle, caché sous le nom mensongeur de philosophie, avait perverti les esprits et corrompu les mœurs, et rempli avant tout la France de meurtres et de ruines. L’âme est émue d’horreur au souvenir desinexprimables spectacles de cruauté et de barbarie qu’exhibèrent, pendant la révolution française, des hommes impies et scélérats, à peine dignes de ce nom d’hommes : les temples sacrés dépeuplés, les signes sacrés de la religion catholique violés, des évêques, des prêtres, de pieux laïques immolés arbitrairement, pour avoir refusé de prononcer une formule de serment décrétée par la puissance laïque et ouvertement opposée aux droits de l’Eglise, à la liberté de la conscience, ou pour s’être montrés moins bienveillants envers ces nouvelles institutions politiques. »
Le 3 septembre 1792, Marat signe la circulaire appelant à la généralisation des massacres « La commune de Paris se hâte d’informer ses frères de tous les départements qu’une partie des conspirateurs féroces détenus dans les prisons a été mise à mort par le peuple ; actes de justice qui lui ont paru indispensables, pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans ses murs, au moment où il allait marcher à l’ennemi ; et sans doute la nation entière, après la longue suite de trahisons qui l’ont conduite sur les bords de l’abîme, s’empressera d’adopter ce moyen si nécessaire de salut public, et tous les Français s’écrieront comme les Parisiens : « Nous marchons à l’ennemi ; « mais nous ne laisserons pas derrière nous ces brigands, pour « égorger nos enfants et nos femmes. » C’est ainsi qu’on massacra aussi dans la prison de Meaux.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
L’objet de l’association pour Le Souvenir des Bienheureux martyrs de Septembre 1792 est en particulier de « Garder vivant le souvenir des martyrs » et de « Prier les martyrs pour qu’ils intercèdent pour les vocations religieuses et sacerdotales dont l’Eglise a besoin, ainsi que pour les chrétiens persécutés dans le monde actuel… « . En cela, elle est apolitique et à caractère religieux et s’inscrit dans un souci de réconciliation et dans la continuité du pardon que les martyrs ont eut vis-à-vis de leurs bourreaux.
Louis XIV en prière dans l’ancienne chapelle du château de Versailles, résidence royale depuis 1682. 20 ans plus tôt, il conviait Bossuet à prêcher le Carême dans la chapelle du Louvre.
En 1643, le Grand Siècle porte sur le trône de France un enfant de 4 ans et demi. En 1654, après la Régence d’Anne d’Autriche, sa mère, Louis XIV est sacré à Reims. Pour que le « Lieutenant du Dieu sur Terre » (1) puisse régner en roi très chrétien le Seigneur a mis sur sa route Bossuet, un éminent dignitaire de l’autel depuis le 16 mars 1652, jour où il a reçu le sacrement de l’Ordre, la lumière divine.
Pour Bossuet le roi est « l’image de Dieu », le professeur Jean-Louis Harouel précise « la « puissance sacrée » des rois était un pouvoir miraculeux directement institué par Dieu. » En 1662 il est appelé à prêcher le Carême à la cour. La troisième semaine, le disciple de saint Vincent de Paul prononce devant le roi le « sermon sur la Charité fraternelle » :
« …/…Entendez distinctement tout ce que vous faites, et connaissez tous les ressorts de la grande machine que vous conduisez : Ut intelligas universa quae facis (Pour que vous comprenez tout ce que vous faites), Salomon suivant ce conseil, à l’âge environ de 22 ans (Louis XIV avait 23 ans), fit voir à la Judée un roi consommé (2) ; et la France, qui sera bientôt un Etat heureux par les soins de son monarque, jouit maintenant d’un pareil spectacle.
Ô Dieu, bénissez ce roi que vous nous avez donné ! Que vous demanderons-nous pour ce grand monarque ? Quoi ? Toutes les prospérités ? Oui, Seigneur ; mais bien plus encore, toutes les vertus, et royales et chrétiennes. Non, nous ne pouvons consentir qu’aucune lui manque, aucune, aucune. Elles sont toutes nécessaires, quoi que le monde puisse dire, parce que vous les avez toutes commandées. Nous le voulons voir tout parfait, nous le voulons admirer en tout : c’est sa gloire, c’est sa grandeur qu’il soit obligé d’être notre exemple ; et nous estimerions un malheur public, si jamais il nous paraissait quelque ombre dans une vie qui doit être toute lumineuse. Oui, Sire, la piété, la justice, l’innocence de Votre Majesté, font la meilleure partie de la félicité publique. Conservez-nous ce bonheur, seul capable de nous consoler parmi tous les fléaux que Dieu nous envoie, et vivez en roi chrétien. Il y a un Dieu dans le Ciel, qui venge les péchés des rois. C’est lui qui veut que je parle ainsi ; et ; si Votre Majesté l’écoute, il lui dira dans le cœur ce que les hommes ne peuvent pas dire. Marchez, ô grand roi, constamment sans vous détourner, par toutes les voies qu’il vous inspire ; et n’arrêtez pas le cours de vos grandes destinées, qui n’auront jamais rien de grand, si elles ne se terminent à l’éternité bienheureuse. » Si Bossuet ne craint pas d’admonester le Roi et de faire état de sa vie privée, qui était en fait publique, car comme il le dira « Pour prêcher la vérité, il faut un cœur de roi, une grandeur d’âme royale…si cette noble fonction ne demande pas qu’on soit roi par l’autorité du commandement, du moins exige-t-elle qu’on soit roi par indépendance (3) » le futur « Aigle de Meaux » redoute la justice divine. Bossuet pense que les actes immoraux du roi pourraient mettre en colère le Très-Haut qui la ferait retomber sur son peuple.
Constance Cagnat-Deboeuf, maître de conférences, souligne « Le Carême du Louvre » fut la première occasion pour Bossuet de réfléchir sur « la manière d’instruire les rois. » Il lui fallait trouver un langage qui, sans « aigrir » l’esprit du monarque, lui enseignât ses devoirs.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
(1) : Lieutenant signifie qu’il « tenait en ce lieu » la puissance divine
(2) : qui a atteint un haut degré de perfection
(3) : qui n’est pas soumis à un autre, qui est libre de toute autorité souveraine
Anne d’Autriche et ses deux enfants : Louis XIV et Philippe, duc d’Orléans.
Nous venons d’entrer dans le temps béni du Carême. De nos jours ce n’est plus un événement public, le mercredi des Cendres n’a pas fait, non plus, la UNE des journaux. Sous l’ancienne France, à une autre époque, il en était tout autrement. La dévotion royale avait figure de devoir d’état, le roi se devait d’être dévot et d’œuvrer chrétiennement pour gagner son salut dans l’autre monde. La crainte d’offenser Notre Seigneur constituait alors un redoutable contre-pouvoir spirituel.
Comme l’a souligné le professeur Jean Barbey : « Depuis les origines de la monarchie et le baptême de Clovis, les rois des Francs – puis rois de France – ont un caractère religieux qui explique tout le passé chrétien du royaume. À partir de Pépin Le Bref, le roi est en principe le défenseur attitré du pape et de l’Église. Il est, dit-on, « le roi le plus chrétien », « un prince très dévot ». Être un monarque catholique, c’est d’abord pour le roi une manifestation de piété personnelle. Mais la vie publique traduit constamment cette situation ; à commencer par le sacre qui relie spirituellement et juridiquement le monarque à Dieu : l’onction lui confère un statut hors du commun, mi-spirituel, mi-laïc. Par la vertu de cette onction, il reçoit des « privilèges de clergie » : accès au chœur des églises, titres de chanoine, droit de communier sous les deux espèces…Mais la vie publique du roi, en dehors du sacre, est constamment mêlée de liturgie, dont, chaque fois, le point culminant est la messe. »
« Et à vous dire la vérité, mon fils, nous ne manquons pas seulement de reconnaissance et de justice, mais de prudence et de bon sens, quand nous manquons de vénération pour Celui dont nous ne sommes que les lieutenants. Notre soumission pour Lui est la règle et l’exemple de celle qui nous est due. Les armées, les conseils, toute l’industrie humaine seraient de faibles moyens pour nous maintenir sur le trône, si chacun y croyait avoir même droit que nous, et ne révérait pas une puissance supérieure, dont la nôtre est une partie. Les respects publics que nous rendons à cette puissance invisible pourraient enfin être nommés justement la première et la plus importante partie de notre politique, s’ils ne devaient avoir un motif plus noble et plus désintéressé. Gardez-vous bien, mon fils, je vous en conjure, de n’avoir dans la religion que cette vue d’intérêt, très mauvaise quand elle est seule, mais qui d’ailleurs ne vous réussirait pas, parce que l’artifice se dément toujours, et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité. Tous ce que nous avons d’avantages sur les autres hommes dans la place que nous tenons sont sans doute autant de nouveaux titres de sujétion pour Celui qui nous les a donnés. Mais à son égard l’extérieur sans l’intérieur n’est rien du tout, et sert plutôt à L’offenser qu’à Lui plaire. » Ainsi parlait Louis XIV dans les Mémoires pour l’instruction du dauphin, né le 1er novembre 1661.
Après la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, Anne d’Autriche demeure à la Cour « pour y maintenir la vertu et la piété et pour entretenir l’union de la famille royale. » L’abbé Bossuet prêche le Carême au couvent des Carmélites, la reine-mère y vient l’entendre sur le thème du panégyrique de saint Joseph. La fondatrice de l’abbaye du Val-de-Grâce le connaissait déjà pour avoir assisté à l’un de ses prêches lorsqu’il était archidiacre de Metz. Séduite par son éloquence, Anne d’Autriche intervient auprès de son fils pour que Bossuet soit invité à prêcher le Carême à la cour l’année suivante. Louis XIV, en fils aimant, exauce son vœu. Comme le dira Madame de Motteville : « Il lui rendait ce qu’il lui devait en qualité de fils bien-aimé, et témoignait avoir beaucoup de considération pour elle. Non seulement il l’aimait, mais il lui disait des choses qui faisaient voir aussi qu’il l’estimait. »
Le 2 février 1662, en la fête de la Purification de la Sainte Vierge, Bossuet monte en chaire dans la chapelle royale du Louvre. Il fait son premier sermon et se tournant vers le roi, le termine en lui disant : « Sire, votre Majesté rendra compte à Dieu de toutes les prospérités de son règne, si vous êtes aussi fidèle à faire ses volontés comme il est soigneux d’accomplir les vôtres. »
Coucher de soleil sur l’Ecole Militaire, le samedi 11 janvier 2025, il brillera sur le Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas.
Le 15 avril 2019 nous étions nombreux à l’inauguration de la réouverture des Grands Appartements de la Reine, et après restauration, celle de la chambre de Marie-Antoinette du château de Versailles, ce coup d’éclat permanent dans toute sa splendeur retrouvée réjouissait les visiteurs d’un soir jusqu’au moment où apprenant l’incendie de Notre-Dame, les yeux se sont rivés sur les portables pour voir le sinistre se propager. Ainsi, pendant que le Trône brillait de mille feux, l’Autel brûlait d’un feu d’enfer, l’Eglise vivait sa Passion en ce lundi saint.
Grâce au génie français, à nos artisans d’excellence, à une volonté politique et à un soutien populaire et universel, qui est aussi la signification du terme « catholique » (« destiné au monde entier »), Notre-Dame de Paris a pu renaître de ses cendres et redevenir un lieu de culte. La cathédrale s’est enrichie de 3 nouvelles cloches de consécration, les deux petites portent les noms de « Chiara » (en hommage à la Bienheureuse Chiara Badano (1971-1990) et de « Carlo » (en hommage au Bienheureux Carlo Acutis (1991-2006), la troisième est celle des Jeux Olympiques, comme le souligna Monseigneur Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale Notre-Dame de Paris : « Les cloches sonnaient lors de la victoire des athlètes. Aujourd’hui, la deuxième vie de cette cloche, c’est pour célébrer la victoire de la Lumière sur les ténèbres. Ces cloches sonneront au moment le plus important de la messe qu’on appelle la consécration, elles célébreront vraiment cette victoire de l’Amour, comme l’ont aussi montré les Jeux olympiques.«
Les Jeux Olympiques ont été l’occasion de mettre en valeur notre patrimoine culturel en particulier avec l’équitation dans les Jardins d’André Le Nôtre au Château de Versailles, le marathon avec son arrivée à l’ombre de la croix du dôme des Invalides ou le cyclisme avec ses coureurs s’élevant vers la basilique du Sacré-Cœur et de fêter les exploits sportifs notamment les 5 médailles du « Roi Léon ». Malheureusement, il y eut aussi un côté obscur avec la cérémonie d’ouverture. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux Olympiques on a mis en lumière l’obscurantisme, la période de la Terreur illustrée par une Marie-Antoinette décapitée interprétant une chanson révolutionnaire porteuse de haine et de violence.
Le 25 décembre 1792, à la Tour du Temple, Louis XVI rédigeait son Testament «… Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur cœur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser !…. Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. » La qualité de sa rédaction illustre les capacités intellectuelles du roi, qui pourtant, le 25 décembre 2024 ont été contestées, une nouvelle fois, par la sortie du film « Le déluge ». Si le mérite du film est de présenter la famille royale prisonnière dans les cachots de la Tour du Temple, qu’on a représenté en palais somptueux et confortable, on entretient toujours le mythe d’un roi benêt et on invente de nouvelles affabulations comme celles d’une famille royale qui se prenait pour des dieux, d’une Madame Elisabeth revêche ou d’une Marie-Antoinette qui se donna à son geôlier.
Lors de notre dernière manifestation, le 5 novembre 2024, au Cercle de l’Union Interalliée, Emmanuel de Waresquiel a donné une conférence sur le thème « La Révolution et ses imaginaires« , ce film en est une illustration. Aussi, face aux mensonges et au crépuscule de l’intelligence, notre association, société savante, trouve toute sa légitimité dans son œuvre culturelle de défense de la vérité historique.
À l’aube de la nouvelle année, je vous adresse mes meilleurs vœux.
Lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le grand public et les fidèles ont pu redécouvrir dans les chapelles latérales les 13 Mays magnifiquement restaurés, ces grands tableaux offerts par la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel des orfèvres parisiens à la Sainte Vierge en May (Mai) entre 1630 et 1707.
Depuis le Moyen Âge, Mai est le mois de Marie. Au XIIIe siècle, Alphonse X, roi de Castille et compositeur des Cantigas Santa Maria, va jusqu’à associer dans un de ses poèmes la beauté de la Sainte Vierge à celle du mois de mai.
Stéphane Loire, conservateur général au département des Peintres du Musée du Louvre précise : « de 1482 à 1604, le May était un tabernacle sculpté qui était installé le 1er mai devant le portail central de la façade occidentale de Notre-Dame, avant d’être suspendu devant l’image de la Vierge du jubé pendant un mois. De 1605 jusqu’en 1629, le May prend la forme d’un tableau au format modeste.
Si la prospérité de la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel des orfèvres parisiens était attestée depuis longtemps, le passage aux grands Mays semble coïncider avec la venue en son sein des orfèvres du roi et leur accession au titre de gouverneurs. En 1630, le chapitre de Notre-Dame autorise la confrérie « à offrir à la glorieuse Vierge tous les ans le premier jour de May un tableau peint de 11 pieds de haut (3,59 m) pour embellir les grandes colonnes de la nef de l’Eglise, esquels tableaux tous les actes des Apôtres seront dépeints. » Le passage à des œuvres de plus grand format accrochées aux murs a été inspiré par 2 chantiers parisiens contemporains, celui de l’église des Carmélites de la rue Saint-Jacques exécuté vers 1628 par Philippe de Champaigne, et celui du couvent des Feuillants de la rue Saint-Honoré. Ces 3 ensembles avaient d’ailleurs pour point commun d’être sous la protection de reines de France, Marie de Médicis pour les 2 plus anciens, et Anne d’Autriche, bâtonnière de la confrérie Sainte-Anne-Saint-Marcel à Notre-Dame depuis 1620. Le grand tableau est désormais accompagné par une autre peinture transcrivant le sonnet et le Vœu à la Vierge pour le roi. »
Le dernier May est peint en 1707, la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) plonge la France dans une crise financière et met un terme à cette forme de mécénat. Les chanoines de la cathédrale en informent Louis XIV. À la demande d’explications du roi les orfèvres répondent qu’ils n’ont « discontinué de présenter le grand tableau que parce qu’ils n’ont pas été en état de faire cette dépense par le malheur des temps et par la cessation du travail de leur profession. » Un arrêt du Conseil d’Etat du Roi du 19 juillet 1712 leurs ordonne de reprendre la présentation des Mays. Les orfèvres refusent et, réunis en Assemblée Générale, décident de dissoudre la confrérie. La belle histoire des Mays s’achève le 1er septembre 1712. Comme une « malédiction » trois ans plus tard, après une lente agonie, le 1er septembre 1715 le roi meurt.
Lorsque survient la Révolution française la cathédrale est transformée en temple de la Raison, son trésor est vendu ou pillé, les Mays se trouvent dispersés. Actuellement, sur les 76 Mays peints 52 ont été identifiés. En 2021 on retrouva à Givors près de Lyon le May de 1698, « L’Adoration des Mages » dans l’église…Saint-Nicolas.
Joyeux et saint Noël,
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
L’Adoration des Mages (1698) de Joseph Vivien
Ancien May de Notre-Dame de Paris,
aujourd’hui exposé dans l’église Saint-Nicolas de Givors (Rhône)
En 1248, Saint Louis dépose la sainte Couronne d’épines dans la Sainte Chapelle. Benoît XVI demeure le dernier pape à l’avoir vénéré en 2008 à Notre-Dame de Paris.
Dimanche matin, le pape prit la destination de l’île de Beauté et posa son avion sur l’aéroport d’Ajaccio-Napoléon-Bonaparte baptisé ainsi en souvenir peut-être de ses faits d’armes comme celui du kidnapping du pape Pie VII en 1809, le gardant captif pendant cinq ans. En ayant refusé une semaine plus tôt l’invitation aux cérémonies de la réouverture de Notre-Dame de Paris le souverain pontife a perpétué une tradition de liens particuliers entre la papauté et la cathédrale.
Ainsi, si on a retenu que le pape Alexandre III est venu en 1163 poser la première pierre de la nouvelle cathédrale, on a un peu oublié que sa présence s’inscrivait aussi par reconnaissance envers le roi de France, son protecteur. En effet, le 1er septembre 1159 à la mort du pape Adrien IV, il est élu pape par une majorité de cardinaux et selon la Tradition par le Saint-Esprit. Mais son élection est contestée par le Saint-Empire romain germanique de l’empereur Frédéric Barberousse. Ottaviano, son candidat vaincu, ayant rassemblé les troupes armées devint pape, plus exactement antipape, par acclamations sous le nom de Victor IV (signifiant étymologiquement « le vainqueur ») contraignant alors Alexandre III, le pape légitime, à s’exiler en France et à se mettre sous la protection du roi Louis VII.
Comme le rappelle Vatican News, site officiel du Vatican : « Six siècles, plus tard, la première visite d’un Pape dans l’édifice une fois construit s’inscrira dans un contexte historique beaucoup plus politique et quelque peu ambigu. En 1804, le Pape Pie VII est “invité” par Napoléon à célébrer le couronnement de l’empereur. L’évêque de Rome, qui effectue alors une vaste tournée de plusieurs mois en France, se trouve quelque peu instrumentalisé par l’empereur, soucieux d’asseoir sa suprématie en Europe par le sceau du pouvoir spirituel. Mais cette visite de Pie VII s’inscrit aussi dans une résurrection de la foi catholique en France, symbolisée par le retour au culte catholique, deux ans plus tôt, d’une cathédrale qui avait perdu sa sacralité durant les années de la Révolution française et avait été largement vandalisée. Devenue “temple de la déesse Raison”, puis simple entrepôt, elle avait alors échappé toutefois à la démolition qui avait été envisagée par certains leaders révolutionnaires. Selon certains historiens, Robespierre avait en réalité fait le choix d’épargner cette cathédrale pour éviter une révolte des catholiques. »
Le 12 septembre 2008, Benoît XVI, dernier pape à avoir honoré de sa présence Notre-Dame de Paris, déclara : « La cathédrale Notre-Dame demeure à juste titre l’un des monuments les plus célèbres du patrimoine de votre pays. Les reliques de la Vraie Croix et de la Couronne d’épines, que je viens de vénérer, comme on le fait depuis saint Louis, y ont trouvé aujourd’hui un écrin digne d’elles, quiconstitue l’offrande de l’esprit des hommes à l’Amour créateur.»
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
Vendredi 13 décembre 2024, le Prince Louis de Bourbon, en tant que chevalier de l’Ordre du Saint-Sépulcre en France, a participé à la procession du retour de la sainte Couronne d’épines à Notre-Dame de Paris
Lors du Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas du samedi 11 janvier 2025 un hommage sera rendu au chanoine Jean-Marc Fournier, aumônier de la Chapelle Royale Saint-Louis de l’Ecole Militaire qui au moment de l’incendie de Notre-Dame était celui des Sapeurs-Pompiers de Paris sauvant alors la Sainte Couronne d’épines et le Saint-Sacrement.
Suite à la consécration de son royaume à la Sainte-Vierge, l’Assomption (15 août) devenant la fête nationale, Louis XIII s’engage par le Vœu de 1638 à offrir un nouveau maitre-autel au choeur de Notre-Dame de Paris, mais il meurt 5 ans plus tard sans l’avoir réalisé. Louis XIV le construira.
Le maître-autel, qui représente le Christ lui-même, et les sculptures ont été épargnés par l’incendie. De part et d’autre de la Pieta, Louis XIII agenouillé, offre son Trône (sa couronne) à la Sainte Vierge tandis que Louis XIV, agenouillé, en roi très chrétien, la main sur le coeur, est en adoration.
Après l’incendie de Notre-Dame de Paris le monde entier est venu au secours de ce chef d’œuvre du Moyen-Âge et de la Chrétienté. Samedi les « grands de ce monde » seront en admiration dans Notre-Dame restaurée, oeuvre de l’évêque Maurice de Sully, fils d’un simple bûcheron et d’une fabricante de balais de Sully-sur-Loire ayant pour richesse le goût du beau.
Ancien mendiant, Maurice de Sully n’a pas oublié son prochain, « nosSeigneurs les malades ». Avec le soutien protecteur du roi il a poursuivi son œuvre en entreprenant cinq ans plus tard, en 1165, au pied de la cathédrale la reconstruction de l’Hôtel-Dieu pour y soigner les miséreux qu’on ne confond pas avec les clochards qui sont les passants qu’on convie à monter dans les tours pour sonner les cloches de la messe.
En 1683, le bourdon de Notre-Dame est fondu, Louis XIV, son parrain le baptise Emmanuel (« Dieu parmi nous »). Sous la Révolution française, en 1793, la Convention décrète la suppression de toutes les « images de la tyrannie et de la superstition » les 28 sculptures monumentales de la galerie des rois de Judée qui surplombent la façade occidentale sont détruites, les cloches sont descendues, brisées et fondues pour fabriquer des canons. Seul le bourdon Emmanuel est épargné et sera replacé dans sa tour en 1802 sur ordre de Napoléon Ier.
Louis XIV n’oublia jamais sa naissance miraculeuse. Ses parents, Louis XIII et Anne d’Autriche, n’ayant toujours pas d’enfant, la Sainte Vierge vint au secours du Royaume des Lys en apparaissant au frère Fiacre, lui demandant de prier trois neuvaines en son honneur, à Notre-Dame de Paris, à Notre-Dame-des-Victoires (Paris) et à Cotignac. Louis « Dieudonné » naît neuf mois après la fin des neuvaines. Louis XIV aura toute sa vie une grande dévotion mariale et fera du 8 décembre 1672, le premier « jour solennel » passé par le roi à la chapelle royale du château de Versailles. Le jour de la fête de l’Immaculée Conception sera aussi l’un des 5 « bons jours » où le roi communiait. Ainsi, près de deux siècles avant sa reconnaissance comme dogme par l’Eglise, l’Immaculée Conception était fêtée par le Roi-Soleil.
Après avoir retrouvé une nouvelle flèche surmontée, au sommet, d’une couronne, d’un coq et de la croix, le 6 décembre 2023, en la fête de Saint-Nicolas, Notre-Dame de Paris redeviendra notre citadelle de la foi à l’occasion de la fête de l’Immaculée Conception. Certes elle semble vide, beaucoup n’y voit qu’un monument historique, joyau de notre patrimoine national, mais ceux qui s’y presseront samedi pour assister en touristes à sa réouverture prennent le risque de se retrouver dans la situation de Paul Claudel (1868-1955) qui agnostique, aux vêpres de Noël 1886, trouva la foi alors qu’il se tenait à côté de la statue de la Sainte Vierge du Pilier : « J’avais complètement oublié la religion et j’étais à son égard d’une ignorance de sauvage… Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et JE CRUS… »
Bonne fête de la Saint-Nicolas ;
Bonne fête de l’Immaculée Conception.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
Lors du Bal du Nouvel An – Bal de la Saint-Nicolas du samedi 11 janvier 2025 un hommage sera rendu au chanoine Jean-Marc Fournier, aumônier de la Chapelle Royale Saint-Louis de l’Ecole Militaire qui au moment de l’incendie de Notre-Dame était celui des Sapeurs-Pompiers de Paris sauvant alors la Sainte Couronne d’épines et le Saint-Sacrement, les trésors les plus précieux de celui qui fut l’Enfant de la Crèche et qu’on célèbrera à Noël, mot signifiant étymologiquement « Jour de naissance ».
Le Bal sera organisé au profit des Sapeurs-Pompiers de Paris et de la Fondation Avenir du Patrimoine chargée de la restauration du tableau du transfert de la Sainte Couronne à Paris.
Quelque soit le Président de la République, il est toujours parodié en Louis XVI lors des manifestations.
Emmanuel de Waresquiel montre la permanence des mythes nés à la Révolution : »une tendance à apprécier ou à pratiquer une culture politique de l’affrontement plus qu’une culture politique du compromis. » La Révolution a légué « deux formes de légitimité antagonistes, la légitimité de la représentation nationale, par les urnes, et la légitimité de la démocratie directe, c’est à dire de la rue« . « Quand les sans-culottes marchent sur la convention nationale avec du canon pour obtenir des décrets encore plus radicaux, c’est ça. Et ça perdure. Les gilets jaunes, c’est un peu une émanation tardive de cette légitimité de la rue. La prise de la Bastille, c’est la reconnaissance de la violence légitime du peuple. » Les Français sont « les héritiers d’une double culture : d’une culture d’ancien régime, qui est une culture de révérence donc on a un peu tendance de temps en temps à cirer les bottes de notre supérieur, et en même temps, étant donné que nous sommes aussi les héritiers d’une culture révolutionnaire et égalitaire, on a très envie de lui couper la tête. » Emmanuel de Waresquiel compare Emmanuel Macron à Louis Philippe : « À la différence de ses prédécesseurs, Louis Philippe a une conception plus personnelle du pouvoir, et applique une politique : ‘Français, enrichissez-vous’. »
Suite à la convocation des Etats Généraux par Louis XVI, les trois Ordres constituant la société sont interrogés au moyen des cahiers de doléances « le testament de l’ancienne société française, l’expression suprême de ses désirs, la manifestation authentique de ses volontés » (Tocqueville) Dans l’ensemble les attentes et revendications portent sur la réforme des impôts, la justice, la protection des libertés individuelles. On y manifeste son attachement « à notre bon Roy » tout en souhaitant le maintien du catholicisme en tant que religion d’État…Rien de révolutionnaire, que du « bon sens paysan. »
Malheureusement dans un royaume à 80 % agricole, les députés du tiers état sont tous issus de la bourgeoisie, pas un seul paysan élu. En rassemblant à Versailles 1 100 députés appartement très largement à la Société des Lumières le Roi a ouvert la boîte de Pandore. Ces hommes de loi ont à l’esprit, non pas de solutionner la crise financière, mais de faire la révolution sociale celle qui va ouvrir une ère nouvelle. Le samedi 20 juin, dans la salle du Jeu de paume, les députés font le serment de « ne jamais se séparer et [de] se rassembler partout où les circonstances l’exigeraient jusqu’à ce que la constitution fût établie et affermie sur des bases solides » Conscient qu’il s’agit d’un coup d’état contestant sa souveraineté, Louis XVI fait fermer les salles de réunion. Après avoir célébré la messe d’ouverture des Etats Généraux, le Haut-Clergé, imprégné de l’Esprit Saint et de…l’esprit des Lumières, ouvre les portes de l’église Saint-Louis aux députés, qui dans ce lieu sacré, sacralisent leur serment, leur acte révolutionnaire. Loin de l’imaginaire populaire, ce sont bien les hommes en col blanc qui ont fait la Révolution et qui obligeront plus tard les paysans à aller mourir à la guerre en tant que soldats de l’an II selon le nouveau calendrier républicain déchristianisé. Jean Chouan l’insoumis refuse, le Bois de Misedon devient son refuge et le Sacré-Cœur sur le coeur son espérance.
Mardi 5 Novembre 2024, nous recevrons Emmanuel de Waresquiel pour une conférence sur « La Révolution et ses imaginaires, de 1789 à nos jours », ce sera aussi le jour de l’élection du nouveau président des Etats-Unis, ce pays qui doit à Louis XVI son indépendance, une guerre ruineuse qui fut à l’origine de la convocation des Etats Généraux…
Lorsqu’on visite Mount Vernon, la maison du maître esclavagiste George Washington, on peut y voir dans une vitrine la clef de la prison de la Bastille, qui selon le mythe révolutionnaire est le symbole de l’arbitraire monarchique. Au pays de l’Oncle Sam la fête du 14 juillet 1789 se traduit « Happy Bastille Day » : Doit-on en conclure qu’il faut se réjouir de la décapitation par un boucher du gouverneur de la prison et de la libération des 4 faussaires, des 2 fous et du criminel ? Quatre ans plus tard, le 17 septembre 1793, les Chevaliers blancs de l’injustice voteront la loi des suspects autorisant l’arrestation arbitraire de tous les ennemis avoués ou susceptibles de l’être de la Révolution. Ce déni de réalité historique est bien mis sous le boisseau.
Aujourd’hui, la Révolution française demeure la matrice de notre monde moderne, l’évolution de la société s’inscrivant dans les idées progressives des Lumières, tout conservatisme et ordre social de la civilisation chrétienne sont contestés.
Bonne fête de la Toussaint, fête de tous les saints, avec une dévotion particulière pour :
La Sainte Vierge, Reine de France, patronne principale de la France ;
Saint Michel archange, ancien patron principal du Royaume de France ;
Sainte Jeanne d’Arc et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, patronnes secondaires
Saint Louis, saint Denis, saint Rémi et saint Martin, protecteurs de la France
Pour les uns, Marie-Antoinette est uniquement une icône de la culture « pop » du Versailles des Lumières à l’instar des artistes Pierre et Gilles la représentant sous les traits de la call-girl Zahia. Pour les autres, Marie-Antoinette est aussi la Reine martyre de la Révolution française. Après le départ en émigration d’Élisabeth Vigée-Lebrun en octobre 1789, malgré les dangers du poste, le polonais Aleksander Kucharski accepte de devenir le peintre royal. Lors de l’insurrection du 10 août 1792, marquant le début de la Terreur et les prémices des « massacres de Septembre », le portait est enlevé de l’appartement de la Reine et ne sera retrouvé que 3 ans plus tard. L’ancien carton de montage portait une étiquette sur laquelle on pouvait lire : « Portrait de la Reine de France MARIE-ANTOINETTE d’AUTRICHE…Précieux souvenir des bontés de la Reine dont il donne une ressemblance parfaite / quoique bien abîmé, par tout ce qu’il a souffert. Ce portrait de la Reine reçut le 10 août [1792] deux coups de pique des révolutionnaires. »
Suite aux outrages à l’encontre de Marie-Antoinette et des victimes de la Terreur lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’un coût d' »environ 100 millions d’euros » selon un rapport officiel, un courrier a été adressé à Anne Hidalgo, Maire de Paris :
Madame la Maire,
Je tiens à vous exprimer ma gratitude pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques où vous avez fait rayonner notre magnifique patrimoine : Le Louvre, la Conciergerie, les Invalides, Notre-Dame de Paris, le Pont Neuf…mais aussi pour avoir rappelé le côté obscur si souvent ignoré de la Révolution française : la Terreur dans une forme toutefois critiquable. Après avoir été reçue avec révérence par le Roi d’Espagne, vous lui avez offert en spectacle sa grande tante, Marie-Antoinette, décapitée, chantant « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! les aristocrates à la lanterne, Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! les aristocrates on les pendra »…quel affront !
Aujourd’hui, vous menez le combat contre les violences faites aux femmes. Cette violence, Marie-Antoinette en a souffert, de son vivant, par les libelles calomnieux mais aussi à son procès inique lorsqu’on a voulu l’accuser d’inceste avant d’être condamnée à mort pour le seul « véritable crime » d’être la mère « d’un enfant-roi », d’un « tyran ». C’était l’époque où en Vendée on exterminait les femmes en les jetant vivantes dans les fours à pain pour qu’elles « n’enfantent plus de Brigands. »
Lors d’une récente visite au Square du Temple – Elie Wiesel, j’ai pu constater sur la borne pédagogique de la Ville de Paris placée à son entrée que la narration était lapidaire : « …la Tour du Temple est la dernière demeure (sic !) de Louis XVI et du dauphin Louis XVII.. » tandis que sur la plaque apposée sur le mur de la Mairie on peut lire : « Ici s’élevait le donjon du Temple où Louis XVI et la famille royale furent emprisonnés à partir du 13 août 1792. » Ainsi, la Ville de Paris ne fait aucune mention des femmes « embastillées. »
Aussi, en tant que président de l’association culturelle et mémorielle des Lys de France, j’ai l’honneur de vous demander de « réparer » et de « réconcilier » les français avec leur mémoire en réhabilitant ces femmes, victimes innocentes de la violence révolutionnaire en leurs érigeant des statues, en apposant des plaques ou en leurs dédiant des lieux publics. Ces femmes ont pour nom : Marie-Antoinette, assassinée le 16 octobre 1793, Madame Elisabeth, sœur du roi qui oeuvra toute sa vie pour soigner et nourrir les plus pauvres, Madame Royale, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Charlotte Corday qui assassina Marat pour « sauver des milliers de victimes innocentes », les Carmélites de Compiègne accusées de « fanatisme », selon l’acte d’accusation christianophobe « d’avoir continué à vivre soumises à leur règle et à leur supérieure. » Bien entendu, la liste n’est pas exhaustive.
Veuillez agréer, Madame la Maire, l’expression de ma considération distinguée.
Entre Henri IV et Louis XIV, La France s’incline devant Louis XVIII entouré de la Justice et de la Charte. Minerve, la déesse de la Connaissance et de la Sagesse survole le Roi. Au pied du souverain, la figure de la Charte tient la main de justice et les tables de la loi. L’enfant endormi sur le livre symbolise la sécurité des citoyens garantie par le code.
Le 16 septembre 1824, Louis XVIII rend son âme à Dieu. Aujourd’hui, il demeure le dernier souverain à mourir sur son Trône. Louis XVI, son frère ainé, a été guillotiné, Charles X, son frère cadet, est mort comme un lépreux en exil, un sort partagé avec Louis-Philippe, Napoléon et son neveu Napoléon III. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques l’animatrice Daphné Bürki a affirmé que la place de la Concorde avait été le théâtre de la fin de la Monarchie, Louis XVI et Marie-Antoinette y ayant été décapités…alors qu’elle fut aussi le témoin de sa renaissance, mais l’imaginaire révolutionnaire, à la mémoire sélective, a fait tomber la Restauration (1814-1830) aux oubliettes de l’Histoire.
Après sa campagne de Russie désastreuse, une vraie Bérézina, « voilà le commencement de la fin » selon l’expression de Talleyrand, et sa défaite à la Bataille des Nations (Leipzig, 16-19 octobre 1813), Napoléon bat en retraite, la campagne de France s’engage. Vaincu, le 3 avril 1814, le Sénat prononce sa déchéance « coupable d’avoir violé son serment et attenté aux droits des peuples en levant des hommes et des impôts contrairement aux institutions ». Pendant que les cosaques venus de la steppe d’Ukraine campent sur les Champs Elysées, à Fontainebleau l’Aigle Corse fait ses adieux et se prépare à quitter son nid pour une « migration » vers l’île d’Elbe. Le 6 avril 1814, le « fils de la Révolution » abdique.
Le dimanche 10 avril 1814, jour de Pâques, Alexandre Ier, petit-fils de la grande Catherine II de Russie, fait célébrer la Divine Liturgie d’action de grâces place de la Concorde à l’endroit même où se dressait l’échafaud de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Dans les Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand s’interroge : « Les soldats et les souverains mirent genou en terre pour recevoir la bénédiction. Quelle main avait conduit à la fête des expiations ces hommes de tous les pays, ces fils des anciennes invasions barbares, ces Tartares, dont quelques-uns habitaient des tentes de peaux de brebis au pied de la grande muraille de Chine ? » Le tsar écrit à Alexander Galitzine, son confident : « C’était pour mon cœur un moment solennel, émouvant et terrible. Voici que j’ai amené, par la volonté insondable de la Providence, mes guerriers orthodoxes du fond de leur froide patrie nordique pour élever vers le Seigneur nos prières communes dans la capitale de ces étrangers qui, récemment encore, s’attaquaient à la Russie, à l’endroit même où la victime royale succomba à la fureur populaire. Le tsar de Russie priait, selon le rite orthodoxe, avec son peuple, et de la sorte purifiaient la place ensanglantée. » Dix huit mois plus tôt la Grande Armée occupait Moscou, à Saint-Louis-des-Français le prêtre ne pouvait que constater sa déchristianisation. Les messes n’étaient suivies que par une poignée de soldats issus de l’ancienne aristocratie restée fidèle à l’héritage du baptême de Clovis et de ses guerriers. Dans un élan patriotique, peut-être avait-on prié pour la France. Si ce fut le cas, les prières catholiques n’auront pas été entendues par le Ciel, l’Empire s’écroula et au jardin des Lys on vit éclore un nouveau rameau sous la bénédiction des prières…orthodoxes des prêtres moscovites de la place de la Concorde !
Appelé au Trône de France avec l’approbation des puissances coalisées, le 24 avril 1814, à Calais, Louis XVIII débarque du navire Royal Sovereign. Une Charte constitutionnelle est élaborée par neuf sénateurs, neuf députés et trois commissaires. Le 4 juin 1814, elle est octroyée par le Roi avalisant ainsi l’essentiel des conquêtes de la Révolution française de 1789 (égalité devant la loi et l’impôt) et la religion catholique, apostolique et romaine, redevient religion d’État. Emmanuel de Waresquiel précise : « On pouvait difficilement aller plus loin, surtout si l’on considère le niveau des libertés publiques dans le reste de l’Europe. Même en Angleterre, à la même époque, les minorités religieuses ne sont pas égales devant la loi. »