Dans le communiqué de la mort d’Alain Delon, ses enfants ont souligné discrètement son amour pour la Sainte Vierge : « L’acteur de « Plein soleil » et du « Samouraï » s’en est allé rejoindre (la Vierge) Marie parmi ses étoiles si chères à son cœur », lui qui disait « Ma passion, c’est la Vierge Marie. Parce que j’aime cette femme, j’aime tout ce qu’elle a fait. Marie, je lui parle, je lui dis des choses, je lui demande des choses. Elle m’apporte un soulagement, elle m’apporte une compagnie que je n’ai pas, elle est toujours là. »
Malgré la notoriété, la star de cinéma était un solitaire, une solitude née à ses 4 ans lorsque ses parents ont divorcé le mettant en nourrice chez des gardiens de prison à Fresnes. À 9 ans, le 15 octobre 1945, alors qu’il joue dans la cour le bruit des armes le fait tressaillir « J’ai entendu la salve qui tua Laval. Ce sont moins des images que des sons qui me restent de cette cour de la prison de Fresnes. » En 1953, le turbulent adolescent s’engage dans l’armée et part pour l’Indochine. Il y découvre une « famille », des frères d’armes, la discipline, la rigueur, le respect de soi, de l’autre et du chef. Quelques années plus tard, adulte, il éprouve un profond ressentiment pour ses parents : « La majorité était alors à 21 ans, raconte-t-il à Valérie Trierweiler dans Le Point. Et mes parents ont signé l’autorisation d’engagement sans hésitation, comme s’ils se débarrassaient de moi encore une fois. Je leur en veux pour cela. On n’envoie pas un gamin de 17 ans à la guerre…17 ans…Je n’avais que 17 ans ! » Ces blessures d’enfance ne seront jamais cicatrisées. De retour à Paris, il devient acteur « par accident », il ne joue pas, il vit ses rôles.
En 1962, il tourne « Le Guépard », l’histoire du débarquement en Sicile en 1860 des troupes républicaines de Garibaldi. Il en sera terminé de la monarchie bourbonienne et de la société aristocratique avec ses principes désormais ce sera une société bourgeoise impertinente. Le prince est conscient du déclin de son monde « Nous étions les Guépards, les Lions. Ceux qui nous remplaceront seront les Chacals, les Hyènes et tous tant que nous sommes, Guépards, Lions, Chacals ou Brebis, nous continuerons à nous prendre pour le Sel de la Terre ». Tancrède Falconeri (Alain Delon) combattant dans les colonnes garibaldiennes essaie de convaincre le prince, son oncle : « Si nous ne nous mêlons pas de cette affaire, ils vont nous fabriquer la République en deux temps trois mouvements. Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout…Je reviendrai avec les 3 couleurs » et le prince de répliquer désappointé « les 3 couleurs, du rouge et du vert à la place de notre fleur de lys d’or sur son champ immaculé »
Alain Delon avait prêté sa voix à des spectacles au Puy du Fou et représentait la masculinité, l’élégance et l’excellence. Il appartenait à l’ancien monde traditionnel avec ses valeurs chevaleresques : loyauté, générosité, dévouement, courage et courtoisie figuraient parmi ses qualités. Mais, l’époque et la société avaient changé. Le cinéma ne lui offrait plus de grande et belle histoire et il avait été exclu de la liste des 50 « personnalités préférées des Français. » En 2018, lors d’un entretien à Paris Match, il avait déclaré : « La vie ne m’apporte plus grand-chose. J’ai tout connu, tout vu. Mais surtout, je hais cette époque, je la vomis. Tout est faux, tout est faussé. Il n’y a plus de respect, plus de parole donnée. Il n’y a que l’argent qui compte. Je sais que je quitterai ce monde sans regrets. » Tancrède alias Alain Delon aurait-il finalement approuver le point de vue du prince sicilien sur l’évolution de la société ?
Alain Delon est mort mais son étoile continuera de briller.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France
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