L'art de vivre à la Française

Louis XIV présente son petit-fils, Philippe V, roi d'Espagne, 1700

        Au cinéma les Habsbourg ont souvent été présentés avec complaisance cultivant l’imaginaire du « Beau prince charmant » et de la « belle princesse ». Ainsi, si la beauté d’Elisabeth d’Autriche était semblable à celle de Romy Schneider dans « Sissi », le film « La folie des Grandeurs » avec Louis de Funès, brosse le portrait d’un Charles II enjolivé. En effet,  du physique agréable, grand, fort sachant se faire respecter, il ne reste rien dans la réalité historique, selon l’historien Ernest Lavisse (1842-1922) il était : « petit, laid, le nez trop fort, les lèvres trop grosses, le front étroit et bas, les yeux sans expression, maladif et même toujours moribond. » Issu d’une lignée aux multiples mariages consanguins, il avait lui-même épousé sa cousine Marie-Louise d’Orléans, fille de Philippe d’Orléans, Monsieur, frère de Louis XIV, qui décédera en 1789 sans avoir donné un héritier au Trône d’Espagne. Charles II se remaria avec la dominatrice princesse allemande Marie-Anne de Neubourg, au caractère bien trempé, un contemporain espagnol n'hésitant pas à dire que « La reine fait trembler le roi jusqu’aux os ! »

 

Charles II meurt en 1700, sans postérité ni lois fondamentales pour régler la dévolution de la couronne,  le droit civil espagnol reconnaissant au de cujus successione agitur la liberté de tester, Charles II avait rédigé son testament et avait désigné comme héritier son petit neveu, le duc d’Anjou, 17 ans, fils du Grand Dauphin et petit-fils de Louis XIV.   

Informé, le Roi Soleil convoque son Conseil dans l’appartement de Madame de Maintenon et accepte l’institution d’héritier. Dangeau relate la cérémonie du 16 novembre à Versailles : Aussitôt après son lever, le roi fait venir l’ambassadeur d’Espagne, Castel dos Rios, dans son cabinet dans lequel se trouve déjà le duc d’Anjou. Il dit à l’ambassadeur qu’il peut saluer le duc comme son roi. L’ambassadeur met genou en terre devant son nouveau souverain et lui adresse une harangue en espagnol. Louis XIV y répond lui-même, en disant que son petit-fils n’entend pas encore l’espagnol. Le duc d’Anjou est maintenant Philippe V d’Espagne. Le roi de France fait alors ouvrir les portes de son cabinet donnant sur la Galerie des Glaces. Montrant son petit-fils, le roi dit : « Messieurs, voilà le roi d’Espagne. La naissance l’appelait à cette couronne. Toute la nation l’a souhaité et me l’a demandé instamment, ce que je leur ai accordé avec plaisir. C’était l’ordre du Ciel. »

Avant de rejoindre Madrid, Louis XIV remet à son petits-fils une liste de 33 « bons conseils » pour être un bon roi selon sa propre expérience après plus un demi-siècle de règne, parmi lesquels :

-        Ne manquez à aucun de vos devoirs, surtout envers Dieu.

-        Conservez-vous dans la pureté de votre éducation.

-        Faites honore Dieu partout où vous aurez du pouvoir ; procurez sa gloire ; donnez-en l’exemple : c’est un des plus grands biens que les rois puissent faire.

-        Déclarez-vous en toute occasion pour la vertu et contre le vice.

-     Aimez votre femme, vivez bien avec elle, demandez-en une à Dieu qui vous convienne. Je ne crois pas que vous devriez prendre une Autrichienne.

-      Aimez les espagnols et tous vos sujets attachés à vos couronnes et à votre personne. Ne préférez pas ceux qui vous flatteront le plus.

-     Si vous êtes contraint de faire la guerre, mettez-vous à la tête de vos armées.

-     Traitez-bien tout le monde ; ne dites jamais rien de fâcheux à personne ; mais distinguez les gens de qualité et de mérite.

-       Ne vous laissez pas gouverner ; soyez le maître, n’ayez jamais de favoris ni de premier ministre. Ecoutez, consultez votre Conseil, mais décidez : Dieu, qui vous a fait roi, vous donnera les lumières qui vous sont nécessaires tant que vous aurez de bonnes intentions.

           En 2024, Luis Alfonso de Borbón, duc d'Anjou, est, selon les lois fondamentales du royaume de France, l'héritier légitime de la Couronne de France. 

Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

En France, il faut remonter en 1970 pour voir un timbre rendant hommage à Louis XIV et en Espagne en 1978 un timbre sur Philippe V 

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