Marie-Antoinette, reine de France, vers 1788, New Orleans Museum of Art.
Lorsqu’au matin du 16 octobre 1793, Marie-Antoinette quitte sa cellule de la Conciergerie elle doit encore supporter les injures des mégères. Contrairement au roi, qui le 21 janvier avait été conduit à l'échafaud en carrosse, la reine n'a qu'une simple charrette, les mains noués dans le dos, elle boit son calice jusqu’à la lie.
Tout au long du chemin vers la place de la Révolution, son Golgotha, elle demeure insensible aux cris de « Vive la République » ne laissant point paraitre ses sentiments, mettant en pratique ses dernières volontés exprimées quelques heures plus tôt dans une lettre adressée à Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI : « …/…je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, …/…Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ; …/…Que mon fils n'oublie jamais les dernier mots de son père que je lui répète expressément : qu'il ne cherche pas à venger notre mort. J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il et facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas ; …/…Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout (sic) ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis adieu à mes tantes et (un mot rayé] et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant, qu'ils sachent au moins que, jusqu'au dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger."
Le 16 octobre 2019, la Conciergerie inaugurait une exposition sur la métamorphose de l’image de Marie-Antoinette. Aujourd’hui, en effet elle est devenue une icône de la culture Pop art, un « produit marketing » du raffinement et de l’élégance à la française, elle qui pourtant de son vivant était diffamée, calomniée, l'ayant souligné en 1775 dans une lettre à sa mère : "Nous sommes dans une épidémie de chansons satiriques. On en a fait sur toutes les personnes de la cour, hommes et femmes, et la légèreté s'est même étendue sur le roi. Pour moi, je n'ai pas été épargnée. Quoique les méchancetés plaisent assez dans ce pays-ci".... Il est dommage qu’on en oublie sa force de caractère et sa foi retrouvée dans les épreuves. Lors de son procès inique elle fait preuve de courage lorsqu'on l'accuse d'inceste suite aux aveux tronqués de son fils de 8 ans. Elle prend alors à partie les femmes du public « J'en appelle à toutes les femmes qui peuvent se trouver ici ! » on n'insiste pas sur ce chef d'accusation, de peur que le public fasse une volte-face en sa faveur.
On entend souvent dire que le peuple français est régicide, qu'il a condamné à mort son roi, mais curieusement on parle moins de l’assassinat de la reine pour lequel il n’existe pas de mot : Reginacide pourrait être celui-là. Enfin, que doit-on penser de la remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à la dessinatrice de mangas japonais Riyoko Ikeda pour avoir « assuré la promotion de la culture et de l’histoire de France au Japon et dans le monde avec son célèbre Manga « Les roses de Versailles », une ode à Marie-Antoinette alors qu’on attend toujours que soit fait amende honorable pour la condamnation à mort de la reine sous la France de la Terreur.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
La mangaka Fuyumi Soryo a pu bénéficier pour la création de son ouvrage des conseils d'Alexandre Maral.