L'art de vivre à la Française

     Janvier 1066, Édouard le Confesseur, roi d'Angleterre, meurt. Sans descendance, Harold, son beau-frère, roi de Norvège, s'accapare sa Couronne, un casus belli pour Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, désigné comme le successeur légitime. Le 14 octobre, à la Bataille d’Hastings le normand remporte la victoire et Harold tombe au champ d’honneur. Pour son couronnement, comme Clovis le jour de Noël mais de l’an de grâce 1066, Guillaume le Conquérant choisit l’abbaye de Westminster, là où fut inhumé Édouard le Confesseur, s’inscrivant d’une certaine manière symboliquement dans son héritage. Ainsi, le couronnement du roi Charles III et de la reine Camilla s’inscriront dans une tradition à l'origine…française. Charles III sera à l’abbaye de Westminster le 40e souverain à recevoir la couronne de saint Edouard "le Confesseur".
         La cérémonie du Couronnement est assez proche de celle du Sacre des Rois de France, les Plantagenêts (1216-1399) ne sont peut-être pas, non plus, étrangers à cet enrichissement. Elle se déroulera selon son rituel habituel, immuable depuis la nuit des temps :
            - La reconnaissance ;
            - Le serment ;
            - L'onction ;
            - L'investiture et le couronnement ;
            - L'intronisation et l'hommage.
         Si en France, selon la légende, la Sainte Ampoule est descendue du Ciel portée par une colombe lors du baptême de Clovis, en Angleterre, ce serait saint Thomas Beckett, archevêque catholique de Canterbury (1162-1170) qui lors de son exil en France, aurait reçu une fiole sainte de la Sainte Vierge. Malheureusement, depuis 1625, le reliquaire de l'Huile Sainte de Saint Thomas (Holy Oil of St Thomas) est vide. Pour y remédier, l'archevêque anglican de Jérusalem a consacré l'huile chrismale du couronnement en l'église du Saint-Sépulcre, Charles III sera alors oint avec ce Saint Chrême. L'onction fait intervenir le Saint Esprit qui descend sur le monarque lui apportant les 7 grâces requises pour être un bon souverain : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu. 
          Charles III a apporté quelques évolutions au déroulement de la cérémonie qui ne sera plus uniquement dans « la langue de Shakespeare », le Veni Creator sera chanté en gallois, en gaélique écossais et en gaélique irlandais. Les attributs du pouvoir royal ou regalia (couronne, sceptre, orbe, ...) qui n'auront pas de signification chrétienne seront présentés par des pairs appartenant à d'autres religions : sikhe, musulmane, hindouisme et juive. L'hommage des pairs sera remplacé par un hommage populaire. Enfin, alors que son père, le prince Philip n'avait pas été couronné "roi" lors du couronnement d'Elizabeth II, sa mère, Charles III a souhaité que son épouse le soit. En France, le sacre de l'épouse du roi serait considéré comme moyenâgeux. En effet, 38 reines ont été sacrées en même temps que le roi, de 754 avec Berthe, épouse de Pépin le Bref à 1610 avec Marie de Médicis, épouse d'Henri IV.
         
           God save the King !
          
           Nicolas Chotard,

Président des Lys de France.

Pour suivre la cérémonie religieuse à la télévision, voici le livret de la liturgie du Couronnement

https://www.churchofengland.org/coronation/liturgy

La cérémonie du Couronnement sera présidée par le Très Révérend et Honorable Justin P. Welby, archevêque de Canterbury.

Marié, père de 5 enfants, il a eu la douleur de perdre une petite fille lors d'un accident de la route. Après une carrière dans l'industrie pétrolière en France, il est ordonné prêtre en 1992. Le 21 mars 2013, il est devenu le 105e archevêque de Canterbury. On retrouve dans son blason 3 fleurs de lys symbolisant l'idéal chrétien : la foi, l'espérance et la charité mais aussi en référence au sanctuaire de Notre-Dame de Walsingham, lieu d'apparition mariale où vinrent en pèlerinage les rois d'Angleterre et les membres de la famille royale jusqu'à Henri VIII, dernier roi catholique couronné, qui devenu "l'unique chef suprême de l'Église d'Angleterre" ordonna en 1538 sa destruction. 

L'archevêque de Canterbury se ressource depuis 30 ans dans sa propriété dans la Manche, une maison typique de la région avec au dessus de la porte d'entrée, dans une petite niche, une statuette de Notre-Dame de Pontmain, la cité mariale est située à proximité, en Mayenne au carrefour des 3 provinces : Maine, Normandie et Bretagne.

"Elle était déjà là quand nous sommes arrivés", c'est ainsi que "la Belle Dame" veille toujours sur la maison, sur l'archevêque et sa famille et probablement aussi sur un peu l'Angleterre.

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