Au crépuscule de l'année 2022, le pape émérite Benoît XVI a rendu son âme à Dieu. Au printemps 2005, nous avions reçu l'ancien Garde des Sceaux et académicien Jean Foyer rappelant à cette occasion qu'en 1992 il l'avait accueilli sous la Coupole pour son installation au fauteuil laissé vacant par la mort d'Andreï Sakharov. Quelques mois auparavant, le 13 janvier 1992, le Cardinal Ratzinger avait été élu en tant qu'associé étranger à l'Académie des sciences morales et politiques, l'ancêtre des Académies royales, supprimée en 1803 par Bonaparte, rétablie en 1832 par Louis-Philippe, roi des français.
Au moment de son élection au pontificat, le Cardinal Joseph Ratzinger publiait un livre dans lequel il distinguait les 3 événements majeurs constitutifs de l'époque moderne : la Chute de Constantinople (1453), la découverte de l'Amérique (1492) et la Révolution française écrivant : "C'est absolument la première fois dans l'Histoire que, de façon triste, l'Etat se veut séculier, abandonnant, marginalisant le cautionnement divin, la réglementation divine du secteur politique, ce qui est considéré comme dépendant d'une vision mythologique du monde ; de plus, il considère Dieu lui-même comme une affaire privée, qui n'appartient pas à la vie publique et n'a rien à voir avec la formation d'une volonté commune."
Pape, il restait fidèle à ses convictions. En 2008, Nicolas Sarkozy, Président de la République, l'invitait au Palais de l'Elysée et avait tenu une allocution parlant de la France, de ses racines chrétiennes, de son histoire : "A travers vous, je salue tous ceux et toutes celles qui habitent ce pays à l'histoire millénaire. Qu'ils sachent que la France est très souvent au cœur de la prière du Pape, qui ne peut oublier tout ce qu'elle a apporté à l'Église au cours des vingt derniers siècles ! Lors de votre visite à Rome, Monsieur le Président, vous avez rappelé que les racines de la France - comme celles de l'Europe - sont chrétiennes. L'Histoire suffit à le montrer : dès ses origines, votre pays a reçu le message de l'Évangile. Implantée à haute époque dans votre pays, l'Église y a joué un rôle civilisateur auquel il me plaît de rendre hommage en ce lieu. Transmission de la culture antique par le biais des moines, professeurs ou copistes, formation des cœurs et des esprits à l'amour du pauvre, aide aux plus démunis par la fondation de nombreuses congrégations religieuses, la contribution des chrétiens à la mise en place des institutions de la Gaule, puis de la France, est trop connue pour que je m'y attarde longtemps. Les milliers de chapelles, d'églises, d'abbayes et de cathédrales qui ornent le cœur de vos villes ou la solitude de vos campagnes disent assez combien vos pères dans la foi ont voulu honorer Celui qui leur avait donné la vie et qui nous maintient dans l'existence."
Venu en France à l'occasion du 150e anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes, avant de quitter le sol de France, il adressait un dernier message destiné aux français et non à la seule "communauté catholique" : "A l'Élysée, j'ai évoqué l'autre jour l'originalité de la situation française que le Saint-Siège désire respecter. Je suis convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer dans une terne uniformité. « La Nation est en effet, pour reprendre les termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe "par" la culture et "pour" la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent "être davantage" dans la communauté » (discours à l'UNESCO, 2 juin 1980). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va."
Selon l'antique expression : « Bon an, mal an, Dieu soit céans », avec mes Meilleurs voeux sous la protection de la Sainte Vierge, Reine de France.
Nicolas Chotard,
Président des Lys de France.
Trésorier de la Chouannerie du Maine.
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