Belle-sœur de la reine Marie-Antoinette, Marie-Joséphine Louise de Savoie est considérée comme reine de France par les royalistes de 1795 jusqu’à sa mort en exil en 1810. Personnage atypique, truculent et souvent dérangeant, elle a été escamotée de l’histoire officielle de la monarchie.
Mariée au comte de Provence, frère du Dauphin, la princesse de Savoie arrive à Versailles en 1771. A l’avènement de Louis XVI en 1774, Marie-Joséphine Louise est, après Marie-Antoinette, la deuxième dame de la Cour. Les rivalités dynastiques, les intrigues de cour et les oppositions de caractère la dresse en concurrente de Marie-Antoinette. Les grossesses de la Reine, et particulièrement la naissance d’un Dauphin en 1781, ruinent sa position ; son propre couple reste stérile et n’a plus de crédibilité dans les affaires de succession.
Délaissée par son mari, raillée sur son physique, la comtesse de Provence s’éloigne de la Cour. En 1785, elle s’éprend de sa lectrice, Marguerite de Gourbillon. Cette relation passionnelle et tapageuse dérange. Louis XVI éloigne la lectrice par lettre de cachet. Cet incident domestique, qui prend la tournure d’une affaire d’État, fait basculer provisoirement Marie-Joséphine Louise dans le camp de la Révolution.
En juin 1791, elle prend la route de l’exil pour une longue période d’errance. En 1795, à la mort du petit Louis XVII, le comte de Provence devient pour ses partisans Louis XVIII, roi en exil. Marie-Joséphine Louise est reine de France et de Navarre. Elle rejoint Mittau, en Courlande, en 1799 pour le mariage de sa nièce, Marie-Thérèse, fille survivante de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Les relations entre les deux femmes sont mauvaises, hantées par le souvenir de la rivalité avec Marie-Antoinette.
De brouilles en réconciliations, elle partage les pérégrinations des Bourbons à travers l’Europe. Elle s’éteint le 10 novembre 1810 à Hartwell en Angleterre, auprès de Louis XVIII. Le roi d’Angleterre lui accorde des funérailles de souveraine, à Westminster.
L’ombre de Marie-Joséphine Louise semble disqualifiée par les multiples scandales dont elle a été la cause. Si Marie-Antoinette a pu paraître scandaleuse à ses contemporains, elle a obtenu, par son calvaire, une forme de rédemption. Marie-Joséphine Louise, elle, repose aujourd’hui dans la chapelle Saint-Lucifer de Cagliari.
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