« Nulla protestas nisi a Deo » selon ce principe chrétien qu’« il n`y a point d`autorité qui ne vienne de dieu » la monarchie affirme son origine divine tout en reconnaissant la distinction des domaines « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». L’alliance du Trône et de l’Autel rythme la vie du royaume. Le roi de France, lieutenant (tenant lieu) de Dieu sur Terre, prie, se met humblement à genoux devant son Seigneur, le Christ-Roi…accompagné souvent dans son cheminement de saintes femmes.
Ainsi, au cours de la bataille de Tolbiac, le païen Clovis invoque le Dieu de Clotilde et promet à la reine de se convertir en cas de victoire. Respectant sa parole, le roi des francs reçoit le baptême en 496 et entraine tout son peuple dans la civilisation chrétienne. En 987, à Senlis, Hugues Capet est couronné roi, Adélaïde d’Aquitaine, la reine, fait construire une chapelle royale, les reliques de la Passion et celle de Saint-Fraimbault, l’ermite du Maine, y sont alors vénérées jusqu’à la Révolution française.
En l’an de grâce 1429, le « gentil dauphin » Charles VII remet son destin entre les mains d’une jeune bergère de 17 ans. Elle a reçu la mission divine de le conduire à Reims pour que sa Légitimité soit reconnue. Sur la route du Sacre, à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, par acte notarié, Jeanne d’Arc renouvèle le pacte avec Dieu et demande à Charles VII de lui donner son royaume, qu’elle remet à Jésus-Christ qui le rend au roi. Cette triple donation est étroitement liée à ses déclarations « Jésus-Christ est vrai Roi de France », son Seigneur qu’elle a inscrit, avec la Sainte Vierge, sur son glorieux étendard.
La couronne de France se transmettant selon les règles d’hérédité et de primogéniture masculine, on invoque parfois le Ciel pour qu’il donne un héritier au royaume. En 1234, Saint Louis et Marguerite, ne pouvant pas avoir d’enfants, se rendent en vallée de Chevreuse à l’abbaye de Vaux-de-Cernay. Saint Thibaut les reçoit et leurs assure de ses prières les plus ferventes. Le 12 juillet 1240 vient au monde Blanche, l’ainée de 10 futurs frères et sœurs. Plus tard, en 1637, Louis XIII et Anne d’Autriche se trouvent dans la même situation. Sous la protection divine, la Sainte Vierge, tenant dans ses bras un enfant, apparait au Frère Fiacre, et lui dit que la reine doit faire célébrer trois neuvaines de prières à Notre-Dame de Grâces à Cotignac, à Notre-Dame de Paris et à Notre-Dame des Victoires. Le Frère Fiacre termine la dernière neuvaine le 5 décembre 1637, neuf mois plus tard, Louis Dieudonné voit le jour.
Après avoir terminé son dernier chef-d’oeuvre, la chapelle royale du château de Versailles, Louis XIV rend son âme à Dieu, sa “mission” sur Terre est achevée. Le roi « très chrétien » meurt en 1715, c’est aussi la fin d’une époque millénaire, la Lumière, défendue par les apologistes, est contestée par les Lumières, opposants à la doctrine catholique. L’esprit des Philosophes pénètre Versailles, l’Encyclopédie prend place dans la bibliothèque du roi. C’était sans compter sur l’accomplissement du Plan de Dieu qui met sur le Chemin de Louis XV, sa fille, la future Bienheureuse Louise de France, et sur celui de Louis XVI, sa sœur, Madame Elisabeth. Ces saintes femmes accompagnent alors les rois « en délicatesse » avec la Tradition.
Du fond de l’abîme, à la prison du Temple, le roi déchu, sous l’influence de Madame Elisabeth, consacre la France au Sacré-Cœur : « Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur et la profondeur de l’abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m’environnent de toutes parts. À mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de toutes les infortunes, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles et une voix intérieure m’avertit encore que, peut-être, votre justice me reproche toutes ces calamités parce que, dans les jours de ma puissance, je n’ai pas réprimé la licence du peuple et l’irréligion qui en sont les principales sources ; parce que j’ai fourni moi-même sans le savoir des armes à l’hérésie qui triomphe en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l’audace de tout oser. Je n’aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de vouloir me justifier devant Vous mais Vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs. Mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre Vous, à Manassès qui avait entraîné son peuple dans l’idolâtrie. Vous les avez rétablis l’un et l’autre sur le trône de Juda, vous les avez fait régner en paix et avec gloire. Seriez-vous inexorable aujourd’hui pour un fils de saint Louis qui prend ces rois pénitents pour modèles, veut réparer ses fautes et devenir un roi selon votre cœur ? …/… Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma puissance et ma couronnes royale, je promets solennellement… De prendre… toutes les mesures nécessaires pour établir en suivant les formes canoniques une fête solennelle en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi dans l’octave du Saint Sacrement et toujours suivie d’une procession en réparation des outrages et des profanations commises dans nos saints temples pendant le temps des troubles par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens. »
En 1871, quelques jours après l’apparition de la Sainte Vierge dans le ciel de Pontmain en Mayenne, le général Athanase de Charette, à la tête des anciens zouaves pontificaux en bivouac à Fougères, vient interroger les voyants dans l’église paroissiale. Le petit-neveu du « Roi de la Vendée » se serait-il déplacer pour savoir si le Ciel allait redonner un roi à la France ? Les enfants lui ont probablement rappelé le message d’espérance délivré par la Saint Vierge « Mais priez mes enfants. Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher » mais il n’allait pas s’appliquer au destin royal du Comte de Chambord. Henri V ne montera jamais sur le Trône de France et gardera en souvenir son carrosse du Sacre construit prématurément.
Nicolas Chotard, Président des Lys de France.
Trésorier de la Chouannerie du Maine |