« Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone », ces vers de Paul Verlaine diffusés sur les ondes de Radio Londres le 5 juin 1944 annoncent le débarquement imminent des Alliés. Mais depuis le 30 mai, jour de la sainte Jeanne d'Arc, brûlée vive à Rouen, la ville normande vit, à nouveau, le martyre de ce qu'on appelle la "semaine rouge." Ces « bombardements stratégiques » seront étendus aux villes situées dans un périmètre de 100 km depuis les plages du débarquement afin de retarder, soi-disant, l’arrivée des renforts Allemands, une stratégie qui fera 20 000 morts en Normandie et près de 70 000 sur toute la France. Sur Mayenne, pendant 12 longues minutes un tapis de bombes est déversé, malgré son signalement l’hôpital est touché, on entend le hurlement des malades prisonniers des décombres et des flammes. Le colonel L.F. Roker écrira dans son journal « C'était un choc de s'apercevoir que nous n'étions pas accueillis comme libérateurs par la population locale, comme nous nous l'avions mentionné...Ils nous voyaient comme des porteurs de destructions et de douleurs. »
Dans ce déluge de feu et d’acier on assiste toutefois à des situations miraculeuses. Ainsi, la cité épiscopale de Bayeux, située à quelques encablures des plages du débarquement, est épargnée des bombes grâce au courageux Dom Aubourg. Il parle parfaitement la langue de Shakespeare. Il le devait aux lois hostiles aux congrégations religieuses qui l'avaient obligé à l'exil dans l'île de Wight, alors qu'il était moine bénédictin à Solesmes. Ses convictions monarchiques et la Providence le porteront à changer de communauté pour devenir l'aumônier du monastère de la Charité à Saint-Vigor-le-Grand près de Bagneux. Sur son acte héroïque il dira « On m'a baptisé "le sauveur de Bayeux". Je suis bien incapable de dire si j'ai sauvé Bayeux. Je sais seulement que le matin du 7 juin 1944, j'ai risqué ma peau pour avertir des Anglais débarqués la veille et arrêtés à 5 km de là qu'ils pouvaient entrer dans la ville que les Allemands avaient quittée dans la nuit. »
Depuis le 1er décembre 1943, les paroissiens de Saint-Georges-de-Gréhaigne, dans la baie du Mont-Saint-Michel, viennent quotidiennement prier dans la grotte de Notre-Dame de la Confiance implorant la protection de la Sainte Vierge. Leurs prières seront effectivement exaucées, malgré la proximité du théâtre d'opération de la « Percée d’Avranches », une seule bombe tombera en pleine campagne sans faire le moindre dégât. Alors que le centre-ville d’Avranches est détruit, sa basilique Saint-Gervais-Saint-Protais demeure miraculeusement préservée. L'archange saint Michel, le premier guerrier venu du ciel, serait-il intervenu pour protéger ce lieu sacré dépositaire d'une relique de saint Aubert ? En 708, le Prince de tous les anges avait ordonné à saint Aubert, l'évêque d'Avranches, d'édifier une église sur l’îlot rocheux, la merveille de l'Occident : le Mont-Saint-Michel.
Sur la côte de granit rose non loin de Perros-Guirec, Notre-Dame-de-la-Clarté est un joyau du XVe siècle avec son culte marial bien vivant. À 200 m de la chapelle les Allemands ont installé leur camp retranché bien décidé à se battre comme des lions. Les américains projettent des bombardements mais à chaque fois qu’ils survolent le site, les 6, 7 et 8 août 1944, un épais brouillard se forme, une vraie purée de pois, impossible de lancer les bombes destructrices. Pour d’autres, c’est la Sainte Vierge qui étend son manteau protecteur sur son fief. Les 600 Allemands témoins du phénomène inexplicable, conscients du miracle, jettent les armes et se rendent.
Pour le 80e anniversaire du débarquement, le Ciel n'a pas été convié officiellement, point de messe d'action de grâce, pourtant il demeure le meilleur Allié de l'espèce humaine et ne se trompe jamais agissant toujours par amour.
Nicolas Chotard, Président des Lys de France. |