À la messe de Noël, moment de joie et d’allégresse, on n’échappe pas à la lecture ennuyeuse de l’évangile de Saint-Mathieu retraçant la généalogie de l’Enfant Jésus sur 14 générations. Serait-ce pour nous signifier que, comme le cep, plus la connaissance de ses racines sont profondes meilleur sera le vin de la vigne du Seigneur ? L’ADN de notre personnalité se trouve dans l’histoire de notre famille, elle nous façonne, on pense être libre, en réalité on est imprégné de ce passé.
La chancellerie du Roi d’Angleterre et d’Ecosse a octroyé généreusement à Colbert une généalogie de courtoisie le faisant issu de la Maison écossaise de Cuthbert. Cette ascendance glorieuse relève de la croyance fantomatique par contre le “clan Colbert” aura bien une prestigieuse descendance avec de belles alliances : d’Estaing, Le Pelletier d’Aunay, Rouxel de Grancey, Barolo…
Comme l’a si bien souligné Dominique Brême, directeur du Domaine : “Nous sommes face à un phénomène particulier, unique dans l’Histoire de France, avec cette dynastie qui a donné 4 ministres, 5 conseillers d’Etat, 6 ambassadeurs, 2 membres de l’Académie française, un de l’Académie des sciences, 11 lieutenants-généraux, 3 chefs d’escadre ou contre-amiraux, 7 colonels“..mais aussi un archevêque, des évêques, un abbé…et le Comte Joseph de Colbert, qui nous guidera dans son exposition est tout aussi brillant en ayant obtenu en 2002 pour son ouvrage Histoire des Colbert, du XVe au XXe siècle le Prix Hugot de l’Académie française.
Prêtant au Château de Sceaux, propriété désormais du département des Hauts-de-Seine, près de 50 chefs d’oeuvres familiaux, sa collection originale s’ouvre sur l’intimité de sa famille. Grand érudit, le Comte Joseph de Colbert nous dévoilera les différents rameaux de sa famille. Celle de la branche des Colbert-Maulévrier en Anjou nous élève vers les sommets de la spiritualité et de l’héroïsme valeureuse. À Turin, Juliette Françoise Victurienne Colbert de Maulévrier, épouse du marquis de Barolo, consacra son temps et son argent aux plus démunis. En 2015, le Vatican la déclara vénérable. La branche Colbert-Maulévrier est aussi connue pour avoir employé en tant que garde-chasse Jean-Nicolas Stofflet, un lorrain “exilé” en Anjou qui deviendra un “Géant” de Vendée en combattant dans l’Armée Catholique et Royale. Malheureusement, à Mayenne, lors de la Virée de Galerne, devant la célèbre fontaine installée par le surintendant des Finances, il influencera le Conseil de marcher vers un port pour permette le débarquement de la flotte anglaise plutôt que vers Paris. Victor Hugo écrira plus tard : “Si à Mayenne les Vendéens avaient marché sur Paris, le drapeau Blanc flotterait aujourd’hui sur Notre-Dame“. Stofflet était né dans une Lorraine souveraine avant son annexion en 1766 par la Couronne de France il sera fusillé pour avoir défendu le Roi de France et son royaume millénaire.
Nicolas Chotard
Président des Lys de France
Le Département des Hauts-de-Seine présente l’exposition «Who is who chez les Colbert ? La collection d’estampes de Joseph de Colbert dans la « galerie bis », installée aux Ecuries. Cette collection d’estampes a été réunie par un amateur éclairé et descendant de la famille, Joseph de Colbert.
Lorsqu’il acquiert cette propriété en 1670, Jean-Baptiste Colbert est l’un des principaux ministres du Roi-soleil, contrôleur général des Finances du royaume (1665), surintendant des Bâtiments (1664) et secrétaire d’État chargé de la maison du Roi, de Paris, du Clergé et de la Marine (1669), il accompagna avec une remarquable efficacité la réorganisation du pays voulue par le Roi-Soleil au lendemain de la Fronde. Sur le plan privé, Colbert marqua considérablement Sceaux, aussi bien par le domaine qu’il y créa, aujourd’hui propriété du Département des Hauts-de-Seine, que par son action en faveur de la ville, dont il participa au développement. À sa mort, en 1683, son fils, le marquis de Seignelay (1659-1690), prit la suite, tant dans certaines responsabilités (le secrétariat d’État à la Marine notamment) que dans la gestion du patrimoine familial : hôtel particulier à Paris, domaine de campagne à Sceaux, collections… André Le Nôtre, Charles Le Brun ou Jules Hardouin-Mansart sont, parmi d’autres, les grands artistes qui accompagnèrent le grandiose projet scéen des Colbert.
L’exposition s’attache à présenter l’ensemble du «clan Colbert», car le «Grand Colbert» n’est pas à l’origine de la fortune familiale. Il fut le membre le plus éminent d’une véritable dynastie de ministres et de grands commis d’Etat. 45 portraits, gravés par les meilleurs artistes de l’époque, reconstituent ainsi l’arbre généalogique d’une famille à la transition des XVIIe et XVIIIe siècles.
L’exposition revient également sur les techniques anciennes de l’estampe pour révéler cet art si particulier, très apprécié à l’époque pour diffuser les portraits. C’est ainsi que Robert Nanteuil put avoir le privilège, rare pour un graveur, de dessiner le roi d’après nature. Le visiteur pourra admirer le chef d’œuvre «La Sainte Face», que son auteur Claude Mellan a composé d’un seul trait au burin.
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